Les Droles #2 – épisode 3 : Avant la chute

Auteur : Christian Legrève, animateur au Centre Franco Basaglia

Résumé : Dans une grande maison à l’abandon, au bout d’un quartier oublié, vit une communauté de gens un peu étranges. Rien ne les lie, si ce n’est cette étrangeté. On les appelle parfois les droles[1].
Jacques Mancini inventait leur histoire. Mais il est mort.

Temps de lecture : 20 minutes

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Avant la chute

Francesca a enfin récupéré les jumeaux qui jouaient entre les tombes. Sales gosses ! Elle traîne les deux gamins par la main. Elle rattrape Kevin, qui  est à la traîne. Il marche tout à l’arrière du cortège, à distance. Il marmonne, les yeux au sol. Il a sa mine sombre des mauvais jours.

— Ça ne va pas, Kev ? Ça te touche à ce point-là ?
— Mmmh
— On est libres, maintenant. On peut faire ce qu’on veut.
— Je n’aime pas les enterrements. Même si c’est lui. C’est pas normal que les gens meurent. T’es là, tout vibrant, puis, d’un coup, plus rien. T’es là… (Il claque des doigts) T’es plus là ! C’est pas normal. On s’est tous habitués, mais c’est pas normal. Et on le sent ! On le sent qu’on ne devrait pas mourir.
— …
— Et d’abord, pourquoi est-ce qu’on les fait disparaître ? Ça cache quelque chose. On nous cache quelque chose. Où est-ce qu’on va vraiment quand on est mort ? On les met dans une boîte pour être sûr qu’ils ne s’échappent pas. Parfois, on les brûle, pour être bien sûr qu’ils restent bien morts. En tous cas, on ne les voit plus. On les fait disparaître. C’est normal, en même temps. Si les morts restaient là, t’imagines ? Des tas de morts partout. Ça foutrait la trouille. J’ai vérifié : Il en meurt 57 millions chaque année. Presque 2 par seconde. Rien qu’en Wallonie, 40.000 par an. S’ils restaient là, on ne saurait plus où les mettre. Mais où sont-ils ? Où sont-ils vraiment ?

Francesca lâche ses gamins et prend le bras de Kevin. Elle se fait très douce, tout à coup.

— Allez, Kevin, viens ! On va rejoindre les autres
— Tu vois, Francesca… Je le sais bien que je déconne avec mes histoires.
— …
— Je le sais bien qu’on meurt et puis c’est tout. Je le sais qu’on pourrit puis qu’on se désagrège. Mais c’est trop triste ! Ça me fout trop la haine.  Rien que d’entrer dans le cimetière, ça me fout les boules. Tous ces morts ! Tous ces morts, c’est trop moche ! A quoi ça sert de se lier aux autres, si on sait qu’on va les perdre ? C’est des morceaux de nous qui s’en vont, à chaque fois. Comment tu veux aimer les gens, après ça  ? Partager avec eux ?
— Viens, Kevin. Y a l’autre qui fait son discours. On va rater le début.

 « Chers amis, chères amies… Il n’est pas facile de prendre la parole un jour comme celui-ci. Le décès d’un proche, d’un parent, d’un ami, d’un collègue, c’est toujours un évènement pénible, qui nous ramène à la fragilité de la vie humaine. Or, Jacques Mancini était quelque chose de cela pour chacune et chacun d’entre nous, et un peu tout cela pour moi. C’est donc avec une profonde tristesse que je m’adresse à vous aujourd’hui ».

L’échevin, patron de Jacques, était arrivé quelques minutes auparavant. Sa voiture avait pénétré dans le cimetière jusqu’à une vingtaine de mètres de la fosse fraîchement creusée. Il était arrivé en hâte, toujours au téléphone. Arrivé à quelques pas, il s’était tourné pour clore sa conversation, comme on éternue. Le chef du service du tourisme s’était précipité pour le tenir au courant : Tout le monde attendait au bord du trou depuis 5 minutes.

« Pourtant, je pense qu’il faut prendre la parole. Parce que le sentiment de perte que ressentons toutes et tous est décuplé encore par les circonstances de  cette disparition. Jacques Mancini était, comme on dit,  dans la force de l’âge. Il jouissait d’une bonne santé, et avait beaucoup de raisons de s’estimer comblé par la vie. Et pourtant… En échangeant avec les uns et les autres, j’ai pu me rendre compte que personne n’a compris le sens de son geste. Aujourd’hui, la douleur est plus grande encore parce que nous avons l’impression d’avoir manqué quelque chose, de ne pas avoir été là quand il fallait. Chères amies, chers amis, je vous le dis : nous ne changerons rien à ce destin tragique en nous en rendant responsables.

Je voudrais évoquer les mots d’Andrea H. Japp, scientifique et écrivaine : « Le suicide n’est pas affaire de courage. C’est juste une impérieuse envie de paix. Une envie qui domine tout le reste. »

Nous le savons, la paix avait quitté Jacques, ces derniers temps. Nous ne comprenons pas bien ce qui se passe quand quelqu’un s’égare. Nous nous retrouvons face à une personne qui nous échappe.  La personne part pour une autre rive. Elle entre dans un autre monde. Un monde irréel, imaginaire, peuplé de fantasmes. Ça lui appartient, et nous ne pouvons pas pénétrer cette intimité. Quelle que soit notre douleur, nous ne pouvons pas grand-chose. Et si la médecine échoue à résoudre le problème, ou si le patient refuse l’aide, nous ne pouvons que nous incliner, admettre notre impuissance, et aider ceux qui restent. En cette circonstance difficile, c’est ça qui est faire preuve d’humanité.

Sans doute, Jacques était-il plus fragile que nous ne le pensions. Et c’est une grande tristesse pour nous. Sans doute avait-il, en lui, le germe de ce dérèglement qui allait l’envahir. Peut-être connaissait-il déjà ces démons qui allaient prendre possession de lui. » 

— Ben, de qui… De quoi … Qu’est-ce qu’il dit, lui ?

C’est Kevin qui a parlé, à voix haute.

Jipé avait été désigné depuis peu de temps. Ce job d’échevin, s’il avait su… Toute sa carrière à la banque, pour stressante qu’elle avait été, ne lui avait pas pesé autant. Il avait accepté de soutenir le bourgmestre, au nom de vieilles amitiés militantes. Il s’était pris au jeu. Tant qu’il n’avait pas de mandat, ça l’avait amusé. Mais on lui avait demandé de s’impliquer plus ; et, une chose en amenant une autre, … Il se retrouvait maintenant régulièrement à inaugurer des voies cyclables et des installations hôtelières m’as-tu-vu.  Ça ne le faisait plus rire. Peut-être qu’il vieillissait, après tout.

Il avait haussé les sourcils en entendant l’exclamation de Kevin, mais n’avait pas compris. Ça l’avait tiré de sa rêverie. Comme à chaque fois, il se rendait compte qu’il ne pensait pas du tout à ce qu’il disait. Son discours convenu l’ennuyait lui-même. Ce Mancini était simplement un pauvre type mal dans sa peau qui passait difficilement les caps de la vie. Jipé ne se souvenait pas très bien de lui, mais avait en tête l’image d’un agité, passant de l’excitation la plus vive à une espèce de spleen infantile et destructeur. Il ne foutait plus rien de bon depuis des mois, et était un boulet pour le service. Jipé gardait ses distances, il laissait Barniche, le chef de service, gérer la situation. En fait, maintenant qu’il y pensait, confusément, au fond lui, il avait peur que ça s’attrape, si on peut dire. Qu’en  étant en relation avec des gens dérangés, on se mette en danger soi-même. Il avait lu quelque part que les pathologies des malades mentaux résonnent chez les intervenants. Depuis quelques temps, ça l’obsédait. Incroyable, le nombre de gens faibles, fragiles, non fiables, qui dérapaient ! Or, le monde est dur, et il faut être à la hauteur !

« La vie telle qu’elle nous est imposée, disait Freud, est trop lourde pour nous. Elle nous apporte trop de douleurs, de déceptions, de tâches insurmontables.  Pour la supporter, nous ne pouvons nous passer de moyens palliatifs […] ».

Un temps. Toujours laisser un temps avant la chute ! Et promener un regard sur l’assemblée. Maigre, l’assemblée, et mal assortie.  Qui est cette femme superbe qui s’éloigne en claudiquant ?

« Jacques ne trouvait plus dans ces moyens palliatifs la force de continuer. Pourtant, s’il était là, il nous dirait de ne pas lâcher. Restons debout ! Gardons le sens des réalités ! Faisons ce que nous avons à faire, et ne nous laissons pas envahir par les sombres pensées ! C’est, j’en suis convaincu, le plus bel hommage que nous pouvons rendre à cet homme qui avait encore tant à accomplir. Je vous remercie ».

— Excusez-moi…

C’est qui ce morveux, se disait l’échevin.

— C’était qui ? Vous parliez de qui ?
— !?
— Quand vous disiez, avec les démons ?
— Vous êtes de la famille ?
— …
— Je peux faire quelque chose pour vous ?
— Les démons ? C’est qui ? C’est pour dire les morts ?
— Vous pouvez peut-être voir ça avec M. Barniche, qui est là…

Le jeune homme, qui est tout petit, se plante devant lui, très très proche. Il porte un survet de sport noir brillant, un sweat-shirt à capuche qu’il porte relevée, et une bizarre veste de cuir sans manche par-dessus. Il lui parle sous le nez, et fait barrage avec le reste des gens. Barniche n’a rien remarqué. Ou alors, il fait exprès. Encore un fameux empoté, celui-là.

— Ça fait peur, les morts ! On ne sait jamais s’ils sont vraiment morts. On n’est pas sûrs, en fait, tant qu’ils ne reviennent pas. Hein ? C’est ça, hein ?
— Je ne comprends pas bien ce que vous voulez. Je pense qu’on vous attend…

Jipé commence vraiment à être inquiet. C’est un homme naturellement empathique, mais là, il touche aux limites de son ouverture d’esprit. Il est divisé entre son attachement à la tolérance, et un sentiment d’insécurité qu’il connaît bien. Il ne faut pas être naïf, non plus ! On n’est quand même pas obligé de frayer avec tout le monde. Le monde n’est pas tout rose.  Il faut se préserver.

— Vous les connaissez ! Vous en avez parlé. Moi, parfois, j’ai peur. Je me dis qu’ils vont tous revenir. (Kevin regarde autour de lui, à la dérobée). Ils vont sortir des tombes… Les morts-vivants !
— …
— Ou alors, on est déjà tous morts, en fait. Tu ne crois pas ? C’est un rêve. On rêve qu’on est vivants. On est des vivants-morts… Ha ha ! Je préfère penser ça. Ça fait moins peur. Tout ça, ça n’existe pas. On vit dans un rêve. On rêve nos vies. On invente tout. Toi, je t’invente. C’est ça !
— Mr Barniche ! Mr Barniche ! Il ne fait pas attention. Quelle andouille !
— Tu n’existes pas ! Si j’avance ma main, je vais passer à travers toi.
— Mais… Mais…

Kevin avance un index à l’ongle rongé vers le thorax de l’échevin, qui recule.

BARNICHE !

Jipé a crié trop fort, et tout le monde s’est retourné. Kevin a pris peur. Il ne comprend pas ce que signifie « baar-nisch ». Mais il suppose que c’est une sorte d’incantation de sorcier. Une formule magique pour convoquer les démons, ou quoi…

— T’es un sorcier ! Ha Ha ! C’est ça ! J’ai compris ! Moi, je te raconte tout le bazar, et, en fait, toi, t’es avec eux !

Il serre très fort dans sa poche le petit crucifix qu’il a toujours sur lui pour se protéger. Il l’avait dit à Katty qu’il ne voulait pas sortir aujourd’hui. Il avait bien senti que c’était un mauvais jour pour les influences. Et l’idée d’aller dans un cimetière un jour pareil l’effrayait beaucoup. Mais Katty l’avait persuadé que c’était important. Maintenant, il est à la merci de ce sorcier qui gueule des imprécations contre lui, qui lance peut-être des malédictions. Kevin recule, pas à pas, sans le quitter des yeux, en serrant son petit crucifix. Il recule, recule, bute contre un des madriers qui ont servi à poser le cercueil… Et tombe dans la fosse !

Le vent, la pluie, le froid sur ma peau… les lumières de la ville. Le vacarme du trafic. Le trottoir qui fonce à ma rencontre. Noir !

Un bien mauvais jour pour les influences…

Discussion

— Bon, je respire un grand coup. Je vais essayer de comprendre…

— Excellent début !

— Ne fais pas le malin ! Si tu écris pour qu’on ne te comprenne pas, va te faire foutre !

— Bon ! ça va… Mais ce n’est pas sans raison que c’est difficile à saisir. C’est une histoire sur le trouble. Sur quelque chose de complexe, d’insaisissable, qui se ressent plus que ça ne s’explique. Qui tient du mystère. J’essaye de raconter une histoire troublante.

— Ça, c’est assez réussi ! Bref ! Faut que tu m’aides, quand même. C’est qui, les deux, là, Kevin et Francesca, et les gamins ?

— Des personnages qui ont été inventés par Jaques Mancini, qu’on enterre.

— Mmmh ! Et pourquoi dit-elle « on peut faire ce qu’on veut, maintenant » ?

— Essaie de ne pas te fâcher… et ne raisonne pas trop ! Prend l’histoire comme elle vient…

— Tout ce qui leur arrive est écrit par Mancini.

— Et il est mort.

— ?

— Donc, ils ont acquis leur liberté. ce n’est plus lui qui décide de ce qu’ils disent ou font.

— Mais…

— C’est une histoire, ok ? Inventée ! L’important, c’est ce qu’elle inspire… Quand Stephen King raconte, dans « Ça » l’histoire d’une entité maléfique qui se réveille tous les vingt-sept ans pour prendre la forme du clown grippe-sou, qui se cache dans les égouts pour assassiner les enfants, d’un oiseau monstrueux ou d’une araignée géante, personne ne se demande si tout ça est vrai. Par contre, on ne regarde plus les clowns de la même manière au cirque, et on se pose des questions sur les frayeurs des enfants et sur les peurs profondément enfouies.

— Oui, bon, ne m’embrouille pas ! Et Kevin, il est fou, alors ?

— On ne le dit pas dans l’histoire. On dit qu’il est habité par des obsessions, des lubies. Qu’il a une peur insurmontable de certaines choses, et qu’il raconte des histoires étonnantes.

— Il est fou !

— Si tu veux. Tu remarqueras qu’il est capable de prendre du recul sur ses peurs et sur ce qu’il invente. Il n’est pas en permanence dépassé par ce qu’il ressent.

— Oui, oui. Et pourquoi ce long discours de l’échevin ?

— Le sujet de toute l’histoire, ce ne sont pas les fous, en fait. C’est nous, les autres. Ceux qui ne sont pas des droles. Nos rapports avec les fous… Les questions que ça nous pose. Le personnage de l’échevin est porteur d’un discours répandu sur la déviance, sur la fragilité. Un discours qui met l’accent sur la dimension individuelle du trouble, et qui vise à délimiter un périmètre qui distingue, qui met à distance, qui protège la personne qui parle. Et qui met le fou à l’écart. Et le terme de discours prend ici tout son sens, puisque ce propos fait précisément l’objet d’un discours, qu’il adresse à une assemblée dont il suppose qu’il s’agit de gens qui ne sont pas des fous. On pourrait se dire que c’est comme s’il s’adressait à la société tout entière. À l’exclusion des fous !

— C’est pour ça que tu as choisi que ce soit un échevin ?

— Arrête de vouloir tout expliquer ! C’est un hasard. Ça n’a pas de sens particulier. Le boulot de jacques à l’échevinat du tourisme, je l’ai imaginé avant même son suicide. Par contre, tu remarques que Jipé est un homme qui semble réfléchi, et profondément humain. Ce n’est pas un monstre d’égoïsme, ou un crétin. Ça n’empêche pas qu’il soit habité par des représentations qui sont, de fait, excluantes. Ce sont ses propres peurs qui le mobilisent.

— Ses peurs ?

— Est-ce que tu sais lire ? Derrière son discours qui a la prétention de rationaliser le rapport à la folie, on sent qu’il a besoin de se rassurer sur sa propre normalité. Le texte dit même qu’il craint « confusément » que « ça s’attrape ». D’ailleurs, à la fin, le face-à-face avec Kevin le terrorise. Il perd les pédales.

— Ben ! Y a de quoi !

— Peut-être, mais pour Kevin aussi. On voit que ce qui provoque la terreur, ce n’est pas le délire de Kevin, c’est le rapport qui s’est créé entre eux, le creusement d’un fossé d’incompréhension mutuelle, et la surinterprétation de ce fossé par l’un et par l’autre.

— Et alors, à propos de fossé… Cette chute burlesque, franchement, c’est d’un goût !

— Ben quoi ? On peut rire aussi ! Dans la vie, le burlesque et le tragique s’entremêlent.

— Ça ne me fait pas rire !

— L’idée était de faire baisser la pression.

 

Pour poursuivre la réflexion

Marie Absil a examiné les discours sur la vulnérabilité, qui nourrissent les représentations qui animent Jipé. D’abord, les discours savants, dans les discours sur la notion de vulnérabilité . Elle montre la complexité du concept, les divergences entre les lectures qu’on peut en faire, et le rôle des interactions sociales. Elle a ensuite analysé la place du concept de vulnérabilité dans le discours particulier du néolibéralisme : la vulnérabilité dans le discours néolibéral

Sur le statut plus particulier de la stigmatisation liée au trouble mental, on lira, dans les origines de la stigmatisation une évocation de l’histoire du statut social de la folie.

Deux textes s’intéressent aux dimensions interindividuelles des phénomènes d’exclusion des personnes qui vivent des troubles psychiques, à partir d’une étude de Denise Jobelet sur les attitudes des habitants dans la colonie familiale d’Ainay-le-Château : l’hospitalité et la crainte de la contamination et quand l’identité est interrogée par l’alérité .

Enfin, pour ne pas laisser notre ami Jipé et le lecteur sans perspectives, on pourra lire face aux vulnerabilités sociales, pensons à la sollicitude  et notre étude 2014 sur la singularité : constituer un commun : singularité, vulnerabilité, soin.

Et encore, sur notre site : stigmatisation : stéréotype, préjugé, discrimination.

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Références

[1] A Liège, quand on parle de quelqu’un dont le comportement, l’allure ou le discours s’écarte de la norme, on dit volontiers que c’est un « drole ».