Hospitalité – Le pouvoir aux imaginaires

Hospitalité - Le pouvoir aux imaginaires

Auteur : Mathieu Bietlot, philosophe

Résumé : Avec la Modernité, l’hospitalité antique fût dévoyée par les institutions concrètes de sa prise en charge autant qu’elle s’est perdue dans le passage d’un univers mental axé sur le sacré à un nouvel imaginaire social régi par le calcul. La promotion de l’hospitalité nous invite alors à entretenir d’autres imaginaires, à composer et colporter une culture ouverte à l’altérité et à l’imprévisibilité, susceptible de contaminer le quotidien du milieu de vie, des services d’accompagnement et, qui sait, des hôpitaux. S’il reste beaucoup à inventer, nous sommes loin de ne partir de nulle part. Il existe des références philosophiques et politiques abordées dans notre série d’analyses. Nous voudrions ici dépister des repères et découvrir des sources d’inspiration parmi des créations artistiques et des aventures extravagantes où l’hospitalité s’est toujours trouvée plus à son aise que dans le sérieux des chartes et de la grande histoire.

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Pour s’extraire des froideurs de la rationalisation, loin de nous la tentation de prêcher un retour au monde des croyances ou à l’âge religieux ni de dédaigner les apports de la raison dont il est plutôt question de raviver l’essence émancipatrice[1]. À dessein de titiller sa domination totalitaire et marchande, d’y strier des lignes de fuite et de faire fuir son cadre, au sens deleuzien, il nous revient de renouveler l’idée du sacré – du tout Autre, de l’insaisissable, de l’inviolable vulnérable – sans s’empêtrer dans son institutionnalisation et son dévoiement que deviennent vite les religions. Chez Homère, l’indigent qui frappait à la porte était reçu au titre de messager de Zeus. Les enjeux se sont depuis sécularisés. Les questions passant du monde éternel au monde temporel, la SDF, le fou, la personne migrante devraient actuellement être accueillis en tant qu’émissaires des problèmes, des crises ou des contradictions des temps présents. Porteurs en ce sens d’un message ou d’un appel à repenser nos relations et organisations sociales. À nous, à nos pratiques et à nos imaginaires, d’entendre les questions posées par ces hérauts de l’ombre, d’y répondre et d’en répondre.

 

Au bout du conte, sur les chemins de la romance

 « Une fois dites ces fortes paroles, on est tenté de penser que tout le reste n’est que littérature. Et c’est peut-être le rôle de la littérature que de confronter l’hospitalité comme valeur – c’est-à-dire comme impossibilité – à ce que chaque époque tient pour le possible, le concret de l’existence. »[2] D’autres disent semblablement que l’expérience analytique ou intérieure ne peut se communiquer qu’au moyen de la fiction ou de la poésie. Des livres, des films, des chansons d’hier et d’aujourd’hui demeurent les colporteurs les plus généreux d’un autre monde, d’un autre rapport au sujet et, pour nous, d’un imaginaire de l’hospitalité et de la/sa folie. À titre exemplatif, nous évoquerons quelques-unes des grandes œuvres devenues les parangons en la demeure et quelques inspirations plus personnelles. Cet aperçu limité souhaite révéler l’illimitation de ces références agissant souterrainement dans toutes les formes de culture.

Après l’Odyssée d’Homère, La légende de Saint Julien l’Hospitalier, à qui Flaubert a donné chair romanesque, incarne un des textes les plus souvent cités pour appuyer que la littérature a partie liée avec l’hospitalité. À partir de vitraux représentant le saint dans la cathédrale de Rouen, Flaubert prit des libertés avec les données historiques pour exposer à l’excès – dans un récit court que les spécialistes considèrent comme l’épure de son écriture – l’inconditionnalité de l’hospitalité, ses dangers et leurs vertus transformatrices. En quelques mots : pour éviter l’avènement d’un mauvais présage, Julien fuit les siens et devient un chasseur sadique. Après qu’il se soit marié, installé et assagi, ses parents retrouvent enfin sa trace et s’invitent chez lui. En son absence, son épouse soucieuse de l’hospitalité couche les hôtes dans le lit conjugal. À son retour, Julien prend ses parents pour sa femme avec un amant et les trucide. Pour sa pénitence, il « s’en alla, mendiant sa vie par le monde », se flagellant et cherchant à sauver des êtres faibles pour se délivrer de sa personne, jusqu’à serrer dans ses bras et sa couche, pour le réchauffer, un homme recouvert d’une lèpre hideuse, « cependant, il avait dans son attitude comme une majesté de roi »[3]. C’est en acceptant le danger qu’il incarne, en accueillant l’autre jusque dans la contagion de son affection qu’il devint saint et surmonta sa propre cruauté. Parmi les classiques, pensons encore à Monseigneur Myriel, dans Les Misérables qui reçoit le bagnard et lui offre ce qu’il lui vole. Victor Hugo l’a prénommé Charles-François-Bienvenu.

Dans la littérature contemporaine, nous retiendrons le cycle de récits autour de Roberte que Pierre Klossowski a réuni sous le titre Les lois de l’hospitalité[4]. Dans le second volet narré par son neveu, Octave, professeur de scolastique et époux de Roberte, expose, selon les catégories de Saint Thomas d’Acquin, sa conception antique de l’hospitalité, « considérée comme honteuse dans nos traditions ». L’hospitalité n’est point un accident. Elle est l’essence même de l’invitant que vient libérer et partager l’invité, l’un s’actualisant en l’autre et vice versa. Entre ces deux substances isolées, les préceptes hospitaliers d’Octave invitent à remonter à la source de toutes les substances et entrer dans une relation substantielle absolue. Celle-ci atteint son comble lorsque « l’instant de la porte ouverte » se prolonge et que l’invitant devient lui-même l’invité, « comme si, le maître étant confondu avec l’étranger, sa relation avec toi qui viens d’entrer n’était plus qu’une relation de soi à soi-même. ». Plus concrètement, cela se joue autour de Roberte dont l’existence en tant que maîtresse de céans est d’être fidèle mais dont l’essence en tant qu’hôtesse est d’être ouverte au tout venant. Cette limitation de l’essence par l’existence ne sera rompue que par la trahison, la transgression dirait Bataille. L’invitant saisira « l’essence de l’hôtesse dans l’infidélité de la maîtresse de céans. Car ce qu’il veut, c’est la posséder infidèle, en tant qu’hôtesse remplissant fidèlement ses devoirs ». C’est l’invité – associé à un ange – qui actualise l’essence de l’hôtesse dans la maîtresse de céans en couchant avec elle. En offrant sa chambre et sa compagne, l’hôte perd sa souveraineté et, en surprenant l’adultère, il devient lui-même un intrus dans la relation. « Dès lors l’hôte aura cessé d’être le maître chez lui : il aura entièrement satisfait à sa mission. À son tour il sera devenu l’invité. »  Klossowski s’inscrit dans la filiation du Marquis de Sade lorsqu’il mobilise la perversion sexuelle à titre de métaphore et métonymie de questions éthiques ou politiques cruciales, à commencer par celle des limites[5].

Dans ce registre plus intime nous aurions encore eu envie de raconter Les premiers mots de Bernard Noël qui, à nos yeux, touche de plus près le trouble de l’hospitalité que son scandaleux Château de Cène. Il aurait fallu plus d’un paragraphe, tout un texte, pour nous laisser dessaisir par la force de la folie et l’hospitalité du désœuvrement dans l’œuvre de Margueritte Duras. Nous aurions pu aller chercher des traces et des repères d’hospitalité nomade sur les routes sillonnées par la Beat Generation. La parcimonie nous fera privilégier deux romans plus récents et populaires[6].

Les trois volumes de Vernon Subutex, publié par Virginie Despentes de 2015 à 2017 chez Grasset, traversent différentes facettes de l’hospitalité où les rôles se déplacent, les réciprocités se décalent, les épreuves provoquent des régénérations et où s’instituent sans se figer des modes d’existence inédits[7]. Le personnage éponyme commence par squatter abusivement chez ses anciens amis. Il trouve ensuite un accueil davantage bienveillant, généreux et inconditionnel auprès d’une bande de clochards célestes. Plus tard, par un retournement appartenant à l’imprévisibilité de l’hospitalité, son aura et sa musique se font refuge pour ses ex-amis, havre de paix pour leurs différends et tremplin pour leurs rebondissements. Il incarnera au fil de l’histoire une figure du sacré dans cette triste époque et cette société française que l’autrice qualifie de dépressive.

Le foisonnant, florissant et fluidifiant, troublant, trépidant et tant attendu dernier livre d’Alain Damasio, Les furtifs, nous a surpris et séduits tant il résonne et vibrionne avec nos propos, propositions et prospections. Dès la troisième page : « C’est précisément ce que j’appelle être prêt. Cet état d’incertitude fragile, ouverte, qui rend disponible à l’inconnu »[8]. S’agit-il d’un roman d’amour ou d’aventure, d’un thriller policier ou politique, de poésie performative ou de philosophie vivante, de prescience du futur ou de présence du possible ?  Le tout à la fois et bien au-delà. L’intrigue prend place en 2041, dans une France privatisée où les diagrammes sécuritaires et néolibéraux[9], l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle, se sont perfectionnés au point de prendre en charge le contrôle et le confort de l’existence jusqu’en dans son intimité la plus infime. Des zones marginales et créatives y résistent. Une espèce inconnue du vivant y échappe : les furtifs. « À l’image du son, le furtif ne connaît pas d’état arrêté. L’imprévu est sa nature. Tous deux, furtif et son, relèvent de la transformation perpétuelle, impossible à bloquer, à fixer. En reconstitution permanente, ils sont l’autopoïèse dans sa plus pure expression, à savoir l’autofabrication agile de soi. Qui est le moteur du vivant. Cette vitalité fait peur bien sûr. Elle suscite l’appréhension. »[10] À l’image de la folie, pourrions-nous ajouter et définir avec Damasio l’hospitalité comme l’aptitude à être à l’écoute du frisson.

Au rayon du septième art, nous exposerons trois films pour le moins contrastés. Théorème, tourné par Pasolini en 1968, semble la référence majeure des intellectuels qui se sont penchés sur notre question. Il raconte l’arrivée d’un invité dans un milieu bourgeois, très aisé et maniéré. Le motif de cette survenue demeurera mystérieux jusqu’à la fin. Par un étrange pouvoir de séduction, ou plus précisément de fascination, cet éphèbe – associé à un ange comme chez Klossowski – trouble chaque habitante et habitant de la maison et chamboule les relations, les désirs et les coutumes familiales. Son départ pousse chacun, chacune à une remise en question radicale de ce qu’il a été et de ce qu’elle s’est empêché d’être. « L’arrivant est alors celui par qui tout peut arriver […] un révélateur, un catalyseur ; sa seule irruption est pourvoyeuse de vérités aveuglantes, destructrices, salutaires, réparatrices peut-être pour certains. »[11]

Du côté de la vulgarisation en rien péjorative, Viens chez moi, j’habite chez une copine (1981) de Michel Blanc et Patrice Leconte fait partie de l’univers familial ou amical de bon nombre d’entre nous. Guy y incarne la caricature du pote envahissant, grossier, malhonnête, qui ne manque pas de culot ni de goulot et se croit tout permis. Et pourtant, il inspire de la tendresse – aux protagonistes du film comme aux spectateurs. On ne peut s’empêcher de l’aimer et on finit toujours pas lui dire oui. Et par s’être enrichi de ce qu’il nous a pris. Ces charmes discrets de l’hospitalité se débrouillent dans le contexte de crise et d’austérité qui ne faisait que prendre ses marques à l’aube des années quatre-vingt.

Hors normes d’Éric Toledano et Olivier Nakache (2019) ressemble sensiblement à l’hospitalité que nos analyses esquissent et rassemble quantité de questions qu’elles déplient, que ce soit par son titre, son maniement du flou, son objet, le lieu et les liens qu’il met en scène, les grosses difficultés qu’il affronte et les petits miracles qui y répondent à rebours. C’est l’histoire d’une association sans agrément qui accueille dans le milieu de vie, avec le soutien des commerçants du quartier, d’une communauté religieuse et d’une association d’insertion socioprofessionnelle, des enfants autistes sévères dont aucune institution ne veut. L’administration cherche comme il se doit à la normaliser. Inspirés de faits réels selon la formule consacrée, le récit se voit construit comme un film qui paraît trop beau pour être vrai. C’est un peu la loi du genre mais aussi ce que Sartre appelle l’illusion rétrospective qui confère après coup un sens et une unité aux actes et situations désordonnés de l’existence : « Pour que l’événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu’on se mette à le raconter »[12]. Du reste, l’apparence romancée du film amplifie sa faculté instituante au même titre que les contes et mythes du temps jadis.

 

L’institution germe-t-elle dans le vers ?

Porte ouverte à toutes les entrées, fenêtre avec vue sur toutes les envolées, la poésie plus que tout autre représente probablement l’art de l’hospitalité. La poésie est hospitalité dans toute son ambiguïté, autant demande d’asile adressée au lecteur que gîte pour chacune, chacun en sa singularité.

Au Moyen Âge, François Villon la quémandait sur les routes de sa cavale ainsi qu’à ceux qui lui survivraient : « n’ayez les cœurs contre nous endurcis ».  Au XIXe siècle, Stevenson, l’auteur de L’île au trésor et du Docteur Jekyll, a fait de lui le personnage d’un conte peu connu : « Un logis pour la nuit » où s’étreignent l’hostilité et l’hospitalité et qui pourrait rejoindre celui de Flaubert dans notre bibliothèque d’inspiration.

Le XXe siècle fut celui du triomphe de la raison instrumentale et de l’industrialisation jusque dans leurs aboutissements les plus manifestement mortifères. À tout pouvoir sa résistance et la poésie est souvent de l’alliance. Pensons pour commencer à Paul Celan, qui souffrit les camps et l’exil, et son poème « L’invité », celui « qui a échangé le salut avec l’obscurité », celui qui s’éveille bien avant le jour et « attise avant de partir un sommeil / un sommeil résonnant de pas »[13]. Sans qu’il soit explicitement question d’hospitalité, on déniche dans le siècle dernier une pléiade de vers qui irriguent nos perceptions de l’existence et pourraient instituer d’autres imaginaires sociaux. Citons juste ceux-ci de René Char en élargissant leur propos : « Nul interdit devant l’inattendu refuge quand c’est toi »[14]. Et ceux-là qui étendent à la condition humaine la vulnérabilité et la générosité de la « Marizibill » : « Leurs yeux sont des feux mal éteints / Leurs cœurs bougent comme leurs portes. »[15] Apollinaire était du reste un coutumier du fait hospitalier : il y trouvait abri lorsqu’il était déserteur ou désargenté et l’offrit à bien des poètes ainsi qu’à l’escroc Géry Pieret, recherché par la police pour vol d’œuvres au Louvre.

De nos jours ou peut-être de nos nuits, la poésie se transmet davantage à nos oreilles à travers les chansons. Une poésie qui descend dans la rue et pour laquelle la « vraie vie » n’est pas inévitablement ailleurs. Ainsi la chansonnette de Georges Brassens dédiée à « Jeanne » compose une nouvelle légende contemporaine de l’hospitalité, proche de l’antique. Et elles furent bien réelles, cette humble bicoque où l’on pouvait entrer « sans frapper, sans montrer patte blanche », cette Jeanne chez qui « on est n’importe qui » et « comme par miracle, par enchantement /on fait partie de la famille ». Pour rester dans celle-ci, nous reprendrons en chœur une java ou un tango en hommage à l’accueil chaleureux de « Germaine », dans sa chambre de bonne à côté de la Sorbonne comme au huitième étage du H.L.M. de Renaud. Dans un même élan collectif, nous clamerons l’hymne « Salut à toi » des Berurier Noir, qui prolonge avec la force festive du punk les « Étranges étrangers » de Prévert. De ce dernier nous écouterons aussi « Tant bien que mal »[16] mis en musique par Christian Olivier, le chanteur des Têtes Raides dont « L’identité » en duo avec Noir Désir est devenu un chant de ralliement des mouvements français contre les lois de l’inhospitalité et pour la liberté de circulation :

« Les clans des rues les clandestins

Les cris des chiens hurlent à la ronde

J’suis pas inscrit sur la mappemonde

Y a pas d’pays pour les vauriens

Les poètes et les baladins

Y a pas d’pays

Si tu le veux

Prends le mien

Que Paris est beau quand chantent les oiseaux

Que Paris est laid quand il se croit français »

Dans un tout autre style, à l’antipode du militantisme, nous pensons aussi à l’univers de Hubert-Félix Thiéfaine. Paradoxalement, ce chantre de la solitude, extraterrestre ou zombie, accueille et incorpore dans ses strophes la folie ou la maladie de l’autre, des dingues et des paumés, et trouve l’hospitalité dans les eaux interlopes de planètes fantômes, de cabarets transgressifs, de chambre de passe et quelques poussières d’étoile. Nous ne voudrions pas clôturer cette liste en sortant Camille Hardouin de sa position de « demoiselle inconnue ». Sa poésie à fleur de peau reçoit comme elles viennent, pour y puiser du ressourcement, les rencontres, les blessures et les ivresses, les surprises et les déceptions, l’aube et la nuit. Vagabonde, elle défie les portes fermées et les ordres cadenassés avec la légèreté de la fantaisie et la puissance de l’authenticité. On découvrira en ligne « Effrontément », « Les pirates » ou « Brisé brisé ».

Le potentiel instituant de la poésie retiendra encore notre attention en ce qu’elle est aussi une voie de transmission du non-savoir et une voix pour l’expression de la folie. Au même titre que le rire, l’érotisme ou les larmes, la poésie donne accès au non-savoir, à l’inconnaissable et l’incalculable en l’autre ou en soi, que convoitait Georges Bataille. À l’hospitalité aussi que Brossat conçoit comme « une sorte de « folie » … »[17]. S’ouvre de la sorte une boucle fructueuse au sein de laquelle la poésie ouvre à une folie susceptible d’abriter le trouble sans le séquestrer. Parce qu’elle accueille sans enfermer, parce qu’elle recueille le mouvement sans l’arrêter, parce qu’elle entend ce qui ne peut se dire, parce qu’elle est invitée à renouveler le non avenu, l’hospitalité requiert d’inventer un langage, de s’accorder sur une langue inédite[18]. Ce que ne cesse d’accomplir et de défaire, telle Pénélope, la poésie.

« Tout est à récrire. Naissance de l’hospitalité. »[19]

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Série écrite par Mathieu Bietlot - philosophe

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Références

[1] Nous pensons que, comme bon nombre de choses, c’est la logique capitaliste qui a dévoyé et réduit la raison et la technologie à des puissances d’instrumentalisation et de domination. Loin de les avoir poussées trop loin, cette logique au contraire limite les vertus émancipatrices et généreuses de la raison et de la technologie pour l’ensemble de l’humanité et de la planète. Nous rejoignons sur ce point Nick Srnicek et Alex Williams (Accélérer le futur, trad. de l’anglais par L. Bury, it :éditions/Cité du design, 2017).

[2] Annick Bouillaguet et Stéphane Chaudier, « L’hospitalité proustienne entre la lettre et l’esprit », in Alain Montandon (éd.), Le dire de l’hospitalité, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2004, p. 101.

[3] Gustave Flaubert, Trois contes, Gallimard (folioplus), 2003 (1877), pp. 92,97.

[4] La Révocation de l’Édit de Nantes ; Roberte, ce soir ; Le Souffleur.

[5] Pierre Klossowski, Les lois de l’hospitalité, Gallimard (L’imaginaire), 1965, pp. 107, 110, 111, 113. Ces quelques pages, intitulées « Difficultés » et intercalées en plein milieu du récit, des ébats et des controverses quotidiennes, jouent le même rôle que le texte « Français, encore un effort si vous voulez être républicains » entre les dialogues érotiques de La Philosophie dans le boudoir de Sade.

[6] La rubrique « Scènes pour des politiques d’hospitalité » du site psychiatries.be propose d’autres commentaires plus détaillés d’œuvres littéraires parcourues sous le prisme de l’hospitalité.

[7] Voir notre analyse « Pour des formes d’institution sous tensions ».

[8] Alain Damasio, Les furtifs, La Volte, 2019, p. 11

[9] Voir notre analyse « Une impasse sans place pour l’hospitalité ».

[10] Alain Damasio, op. cit., pp. 169-170.

[11] Alain Brossat, « L’hospitalité comme cristal » in Autochtone imaginaire étranger imaginé, éd. du Souffle, 2012, pp. 97-98. Brossat mobilise aussi une scène de La grande illusion (1937), où des prisonniers français évadés sont hébergés par une allemande, afin de souligner l’inconditionnalité de l’hospitalité qui accepte l’autre dans son adversité, qui s’adresse même à l’ennemi en temps de guerre.

[12] Jean-Paul Sartre, La nausée, Gallimard (Poche), 1938, p. 60.

[13] Paul Celan, Choix de poèmes réunis par l’auteur, trad. de l’allemand par J.P. Lefèbre, Gallimard (Poésie), 1998, p. 89. « L’invité » est extrait du recueil De seuil en seuil publié en 1955.

[14] René Char, « Faire du chemin avec… » in Fenêtres dormantes et portes sur le toit (1979), Œuvres complètes, Gallimard (La Pléiade), 1983, p. 577.

[15] Guillaume Apollinaire, « Marizibill » in Alcools, Gallimard (Poésie), 1920, p. 51.

[16] Le premier poème est extrait de Grand bal du printemps (Gallimard (Folio), 1978), le second de Choses et autres (Gallimard (Folio), 1975).

[17] Alain Brossat, op. cit., p. 100.

[18] Ginette Michaud : « ‘Un acte d’hospitalité ne peut être que poétique’ Seuils et délimitations de l’hospitalité derridienne » in Alain Montandon (éd.), Le dire de l’hospitalité, Presse Universitaire Blaise Pascal, 2004, p. 57.

[19] Edmond Jabès, Le Livre de l’Hospitalité, Gallimard, p. 96.